Le rapport sur l'IPC publié jeudi a montré une inflation inférieure aux attentes. Le marché a réagi en conséquence : le dollar américain a subi de nouvelles pressions (l'indice du Dollar US est tombé dans la fourchette des 100,00), et les acheteurs de l’EUR/USD ont de nouveau testé le seuil de 1,12. Ce résultat est tout à fait logique, car les haussiers du dollar rencontrent une "période difficile" en raison des risques croissants de récession aux États-Unis.
Revenons au rapport sur l'inflation : selon les données, l'Indice des Prix à la Consommation (CPI) global est tombé en territoire négatif d'un mois sur l'autre pour la première fois depuis juin dernier, atteignant -0,1%. D'une année sur l'autre, la figure a diminué à 2,4%, alors que la plupart des analystes s'attendaient à une baisse à 2,5%. L'indice a reculé pendant deux mois consécutifs, mars marquant la plus faible croissance depuis septembre 2024.
Le CPI de base, qui exclut la nourriture et l'énergie, a chuté à 0,1% m/m en mars (contre une prévision de croissance de 0,3%) — le rythme le plus faible depuis juin de l'année dernière. Sur une base annuelle, le CPI de base s'est établi à 2,8% (contre une prévision de 3,0%), diminuant également pour le deuxième mois et atteignant son plus bas niveau depuis avril 2021.
Le rapport a montré que les prix de l'énergie ont chuté le plus en mars — en baisse de 3,3% en glissement annuel (comparé à seulement -0,2% en février). L'essence a chuté de près de 10% (contre -3,1% en février). La croissance des prix des services de transport a ralenti à 3,1% (contre 6% le mois précédent), tandis que les prix alimentaires ont accéléré de 2,6% à 3,0%. Les prix des voitures d'occasion ont augmenté de 0,6%, tandis que les prix des voitures neuves sont restés inchangés.
Que nous dit ce résultat ? C'est une question délicate, surtout à la lumière de la situation actuelle. Sans les récents développements mondiaux, la publication de jeudi aurait rapproché le moment de la première baisse de taux de la Fed cette année — peut-être en juin ou mai.
Cependant, le rapport de mars reflète une image "avant", tandis que les conséquences des nouvelles politiques tarifaires commenceront à se manifester à partir d'avril-mai (à supposer que la guerre commerciale ne se termine pas par une trêve mondiale). Ainsi, la pertinence des données de jeudi est très limitée, voire discutable. Selon l'outil CME FedWatch, les traders estiment actuellement à 68% la probabilité d'une baisse de taux lors de la réunion de la Fed en juin. Il y a également environ 60% de chances d'une autre baisse de 25 points en juillet.
Pourtant, si l'inflation augmente brusquement en avril et mai, le marché révisera ces prévisions — surtout compte tenu du fait que le Président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré vendredi dernier que la Fed ne modifiera pas les taux "jusqu'à ce qu'il y ait une image plus claire de l'impact complet de la nouvelle politique tarifaire". Depuis, la situation n'a fait que se compliquer davantage, donc la Fed adoptera probablement une approche attentiste en mai, juin et juillet.
D'une part, cette position devrait avoir soutenu le dollar. Mais — encore une fois — pas dans les conditions actuelles. Malgré la décision de Trump de retarder l'imposition de "tarifs majeurs", le sentiment du marché reste sombre. Par exemple, les analystes de JPMorgan n'ont pas baissé leur estimation du risque de récession (toujours à 60%) ni retiré leurs perspectives pessimistes pour l'économie américaine. Pour deux raisons principales :
- Le Président des États-Unis a maintenu un tarif de 10% sur les importations de plus de 70 pays. Les économistes notent que même ce régime tarifaire "léger" est un choc significatif pour l'économie mondiale, en particulier pour l'économie américaine.
- La guerre commerciale avec la Chine. Les États-Unis et la Chine se frappent mutuellement de nouveaux tarifs presque chaque jour. Jeudi, il a été révélé que les tarifs sur les produits chinois ont atteint 145%. La Maison Blanche a précisé que lorsque Trump a signé le décret augmentant les tarifs de la Chine de 84% à 125%, il s'agissait d'un taux supplémentaire en plus du tarif de base de 20% déjà existant.
En d'autres termes, la confrontation commerciale continue de s'intensifier, et le risque de récession aux États-Unis reste élevé (et augmente quotidiennement à mesure que ces mesures agressives restent en vigueur). Le rapport d'inflation de jeudi ne peut pas éteindre ce feu — les récentes actions de Trump en sapent sa pertinence. C'est essentiellement un "message du passé" et rien de plus. Les réalités de jeudi dressent un tableau bien plus sombre.
En conséquence, le dollar américain reste sous pression, ce qui rend encore raisonnable d'utiliser des positions longues sur EUR/USD lors des replis. Les prochaines cibles haussières sont 1,1200 et 1,1250 (la ligne supérieure de l'indicateur des bandes de Bollinger sur le graphique mensuel).